Le marché du e-learning a grimpé en flèche des dernières années, suite à la crise du Covid-19. La demande de plateforme LMS a grimpé de 400 % durant la pandémie. Et le mouvement n’est pas près de s’arrêter. L’e-learning devrait représenter 374 milliards de dollars d’ici 2026. C’est le cas notamment de Dokeos LMS qui a vu son activité augmenter de façon exponentielle. Pionnier de l’apprentissage en ligne depuis 2004, Dokeos est le leader de la formation en ligne. Nous avons souhaité interviewer un expert sur les bonnes pratiques du e-learning et les meilleures façons de créer une formation en ligne, sur la base d’une formation en présentiel. Il s’agit de Marc Poncin, directeur de la formation professionnelle et du CFA de l’université Paris-Est Créteil (UPEC). Il est l’auteur de « Du Présentiel au E-Learning Efficient (Comment développer la formation professionnelle à distance) » aux Editions Dunod. Nous le remercions vivement pour sa disponibilité.
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En quoi la crise sanitaire a-t-elle favorisé l’e-learning ? Comment l’e-learning a t il été mis en place par les OF durant cette période ?
Marc Poncin : La crise sanitaire a suscité un intérêt plus important pour le distanciel. Personne n’a eu le choix. Mais les vraies raisons de développer une formation distancielle c’est-à-dire d’assouplir la formation, de diminuer les coûts ne concernaient que 10 à 15% des organismes de formation. A côté effectivement, nous avons eu 80% des OF qui n’étaient pas prêts et qui se sont juste débrouillé. Ils ont plutôt fait du présentiel à distance. Durant la crise sanitaire, la plupart des apprenants ont subi du mauvais distanciel. Soit on leur envoyait des documents, c’était des cours à distance assez vagues soit des heures de visio interminables. Cela a donné beaucoup d’arguments à ceux qui étaient contre. Depuis, les formations à distance ont beaucoup progressé. Ce qu’on reproche souvent au distanciel, c’est le fait d’apprendre tout seul chez soi. Le confinement a amplifié encore plus cette image du distanciel où je suis tout seul derrière mon ordinateur et je me débrouille pour apprendre.
Qu’est ce que l’ère de la formation 4.0 ? Comment créer une formation en ligne vraiment efficiente ?
M.P : La formation 1.0, ce sont les cours magistraux. C’est ce que l’on connaît depuis longtemps et qui existe encore beaucoup aujourd’hui. La formation 2.0, c’est un cours margistral accompagné d’un certain nombre d’outils interactifs (PowerPoint, images, etc..). La formation 3.0 est arrivée avec la vague des MOOC autour de 2012. D’un seul coup, les Américains ont enregistré beaucoup de cours qu’ils ont mis à disposition sur des plateformes. Ca a effectivement aidé pour avoir de la formation à distance. L’acronyme ATAWAD était né. C’est anytime, anywhere, any device. C’est-à-dire, n’importe où, n’importe quand, sur n’importe quel terminal. Cela signifie que chacun peut apprendre où il veut comme il veut quand il veut. Mais si on veut de la formation vraiment efficiente, on ne peut pas apprendre tout seul où on veut comme on veut. Si on veut rendre une formation efficiente et intéressante pédagogiquement, il faut mixer différentes modalités pédagogiques, des PDF, de la vidéo pour rendre la formation attractive. Après il y a d’autres règles pédagogiques à respecter. Apprendre tout seul, c’est pas génial. Il y a un problème de socialisation de la formation donc il faut mettre des temps collaboratifs, d’études de cas, des temps où les gens travaillent en groupe sur une plateforme et puis des temps collectifs. Il faut renforcer le tutorat.
L‘efficience d’une formation c’est aussi quelque chose de très important. Quand on fait de la formation professionnelle continue, la question ce n’est pas le taux de complétion (le taux des personnes qui font un parcours complet). En formation continue professionnelle, ce n’est pas un taux de complétion qu’on surveille, c’est un taux de réussite. Que ce soit une formation de trois jours ou une formation de 400 heures sur un an, les apprenants payent pour qu’on mette en oeuvre tous les moyens pour les aider à réussir à acquérir les compétences qu’on leur demande d’acquérir ou qu’ils nous demandent d’acquérir. On vise un taux de complétion de 100%. L’efficience, c’est la mise en œuvre de tous les moyens pour que l’apprenant intégre les compétences.
Quels sont les avantages du distanciel (ou e-learning) ?
M.P. : Les deux arguments fondamentaux en faveur du distanciel, c’est d’abord, d’assouplir la formation car aujourd’hui l’accès à la formation est de plus en plus complexe. Par exemple les apprenants qui font de la formation dans le cadre du CPF, déclenchent une grosse demande pour de la formation hors temps de travail. Quand on est comme moi directeur d’un organisme de formation ou même responsable de formation d’une entreprise, organiser une formation pendant le temps de travail, c’est compliqué. Plutôt que de bloquer les gens pendant toute une journée, si on peut leur donner des plages de deux heures ou plus pendant 15 jours, cela permet moins d’interférences avec l’organisation du travail en entreprise.
L’autre argument, c’est la diminution de coût complet. Quand une entreprise envoie des employés en formation, c’est un coût pédagogique, un coût d’investissement, un coût de salaire, un coût de déplacement. L’avantage du distanciel, c’est d’économiser tous les frais de déplacement et de salaire et en plus, ça me permet de décaler cette formation hors temps de travail. Il ne me reste plus que le coût pédagogique de la formation.
Comment choisir une plateforme LMS ?
De nombreuses personnes viennent me demander : « Comment je fais pour acquérir une plateforme comme Dokeos LMS et construire des ressources ou acheter des ressources chez Dokeos LMS ?» L’important, c’est d’avoir une vraie réflexion pédagogique sur l’objectif de ma formation. Après, on réfléchira sur les parties à mettre en distanciel et présentiel. Quelques clients avaient un cours en présentiel qui durait 2-3 jours. Ils m’ont dit d’un coup, qu’ils souhaitaient le réaliser complètement à distance. Ce n’est pas nécessairement judicieux. Cela dépendra du public, de la matière. L’essentiel est d’avoir une réflexion pédagogique avant tout.
Pour quels types de formation, le distanciel est-il le plus adapté ?
M.P. : Ce qui compte avant tout, c’est cette réflexion pour choisir la bonne modalité pédagogique qui peut être très variable. Le distanciel est adapté à plein de formations. Mais il faut s’interroger d’abord sur le public. Certains publics ont moins d’appétence pour l’informatique. Pendant la crise sanitaire, il a fallu mettre en place des choses différentes pour les soignantes. Ce n’était pas de la formation purement distancielle mais il y avait un véritable accompagnement. Si une personne a déjà de l’expérience professionnelle, un certain niveau scolaire, là on peut considérer qu’il a une capacité d’auto-apprentissage beaucoup plus importante. Au contraire, un apprenti de 20 ans qui débute dans la vie professionnelle a besoin d’être plus accompagné.
La deuxième dimension, c’est la dimension juridique. Les entreprises qui nous envoient des apprentis, des apprenants, souhaitent pouvoir vérifier l’engagement de leurs employés, qu’ils ne décrochent pas. Alors on aura des ressources beaucoup plus organisées, beaucoup plus cadrées qui peuvent être conditionnés au suivi. C’est-à-dire tant que tant que la personne n’a pas validé une séquence de ressources, par exemple avec un mini-contrôle, elle n’a pas accès aux suivantes. C’est-à-dire tant que la personne n’a pas validé les ressources suivantes, il devra suivre un temps de tutorat obligatoire. Dans la plateforme LMS, il faut pouvoir regarder si chaque personne a suivi son parcours de formation et tracer chaque ressource. Le tout afin de veiller à ce que l’apprenant ne décroche pas. La plateforme LMS permet d’envoyer à chaque formateur l’ensemble des statistiques exigées.
Comment créer une formation en ligne à partir d’une formation présentielle ?
Il faut à la fois mettre du temps individuel asynchrone en formation et du temps collaboratif où ils travailleront en groupe sur des études de cas, et du temps collectif avec le formateur pour revenir sur ce qui a été appris ou de la restitution d’études de cas. Cest une première chose indispensable pour rendre une formation efficiente et pour éviter que que le public décroche. Plutôt que de vouloir faire simplement que des vidéos ou que des PDF. Les temps asynchrones représentent 60 à 75% de la formation. Il faut donc varier les mises en forme pédagogiques pour que ce soit motivant.
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